Biz / chafiik
Ce que je vais raconter ça peut se passer dans tous les quartiers
Drette icitte en bas du pont jacques-cartier
N'importe où où c'est gris, où ça pue la pluie,
Où ça suinte la suie
Style: ste-cécile, st-sauveur ou st-henri
Ça met en scène un ti-cul, toujours le même
Il s'appelle dany, dave, steve, dans ce cas-ci c'est kevin
Y est laissé à la traîne, erre comme une âme en peine
Sa clef au bout d'une chaîne et les poings remplis de haine
C'est que selon qu'on est à westmount ou à st-henri
Y a 10 ans de différence dans l'espérance de vie
En tout cas de ce côté-ci de l'autoroute ville-marie
La déroute – sans aucun doute – se porte assez bien merci
Décor dévasté, chaussée défoncée, bâtisses abandonnées
La zone a l'air bombardée
Kevin promène sa peine en pompant sur sa mark ten
Y pense à son papa qui va et vient à la maison
Au gré des saisons
On le voit pas pendant des semaines pis un jour y se ramène, dare-dare sans crier gare
Toujours aux alentours du premier jour du calendrier
Le paternel illettré s'intéresse au courrier
Y a toujours à son nom une enveloppe avec du bleu dedans
Ça, c'est sûr et certain, ça vient du gouvernement
Techniquement, c'est un supplément pour élever son enfant
Mais selon gaétan, asteure qu'y est assez grand
« kevin y a rien qu'à travailler s'il veut de l'argent! »
De père en fils, un avenir de couleur améthyste
Le couvercle se visse et le cercle se vice
De père en fils, un destin qui glisse vers l'abysse
Le couvercle se visse et le cercle se vice
Perdu dans ses pensées,
Comme par hasard, ses pas l'ont porté
Au bord du vénérable bar chez normand
Il sait qu'y a pas le droit, ce serait la première fois
Mais à 15 ans, y'est temps d'aller voir comment ça
Joue vraiment dans la cour des grands
Dès qu'il en a passé la porte opaque il constate
Qu'ici le sablier s'est pétrifié depuis des années
Dans ce repère, pépère été comme hiver
Tout date en effet de l'âge de la bière
Au bout d'un coup d'oeil circulaire, derrière une verrière
Il aperçoit son père qui vide avidement son verre
Accroché à l'écran d'un vidéopoker
En un instant, tout s'éclaire. c'est net:
Sitôt changé, le chèque s'en va direct drette à loto-québec
Gaétan n'est pas tout seul à distiller son désespoir
Ses amis sont tous alignés comme des veaux
Devant leur mangeoire
S'il avait les crocs, le langage et le courage
Kevin jouerait au héros et leur crierait toute sa rage
« heille bande d'elvis gratteux
Qu'est-ce que vous faites avachis devant vos machines
L'échine ployée, la mine broyée, le regard hagard
Par hasard
Vous êtes pas tannés de vous faire plumer par la
Poule aux oeufs d'or?
L'arnaque, c'est qu'on vous matraque
Qu'au casino c'est quasi noël 24 sur 24
Alors avides de dollars vous rêvez vos vies qui virent à vide mais réveillez-vous
À quand un coup de pied au croupion du croupier
Qui vous garde accroupis comme des groupies
D'un black jack qui n'a pas d'coeur
Qui pique votre fric au poker
Et vous laisse trÈs flÉtris sur le carreau »
Mais au lieu des discours, kevin court
Se commander à boire au bar
En espérant qu'il se fera pas carter
Aucun danger, le serveur est tellement défoncé sur la patente
Il lui propose un 2 pour 1 sur la 50
Triomphant, le flo se faufile au fond du local
Rejoindre les poissons qui nagent au fond de leur bocal
Il s'avance, avec la bière tendue comme une offrande
« ah ben mon kevin
Merci mon gars, je t'en dois une
By the way ch't'un peu cassé
T'aurais pas un 10 à m'passer? »
[Refrain]
Writer(s): Sebastien Ricard, Dionne Farhoud, Sebastien Frechette
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